Un petit tour au jardin
La période estivale nous rappelle que dès l’avénement de la mode du jardin à l’anglaise. La promenade dans les parcs et le repos nécéssaire durant celle-ci incite à la création d’un mobilier d’extérieur résistant, sans pour autant en négliger l’esthétique. Si le mobilier en métal n’est pas rare dans les intérieurs à la fin du XVIIIe siècle, la promenade au jardin va l’imposer comme LE mobilier d’extérieur pour longtemps.
L’architecte Karl Friedrich Schinkel (1781-1841) propose une chaise en fonte (1825) pour les jardins de la cour de Prusse, son allure curule la rattache fortement au néoclassicisme ambiant des intérieurs des palais mais c’est bien pour le plaisir de l’extérieur qu’elle est crée.
Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, l’ère industrielle s’est imposée entrainant avec elle l’émergence des dimanches de loisirs pour tous. À la belle saison, c’est dans les jardins publics qu’on peut se distraire : « à la fraîche », en écoutant de la musique du kiosque, etc. Le mobilier en métal peuple ainsi les jardins publics et les terrasses.
Seulement pour le jardin ?
Si au début, le mobilier est en fonte, très vite, le régime de taxes sur l’espace public contraint à créer du mobilier pratique, repliable ou empilage. Aujourd’hui encore ces modèles sont édités régulièrement et entrent même dans nos intérieurs comme la chaise dite « Tolix » dont la plus emblématique est la chaise « A » de 1930. Réalisée en tôle emboutie avec un dossier cintré, elle va connaître plusieurs améliorations afin de la rendre plus solide tout en baissant le prix de revient.
À cheval entre les époques, entre les questions esthétiques et pratiques, entre les notions d’intérieurs et d’extérieurs, le mobilier de jardin s’interroge à chaque saison estivale sur la relation entre un espace ouvert et nous; il ne cesse de se renouveler tout en faisant un clin d’oeil au passé; comme pour la chaise Ange de Castelbajac qui dialogue aisément avec les chaises que Manet présentait au Tuileries en 1867. Mobilier en métal, une chaise de jardin uniquement ?
Visuel principal :
Edouard Manet (1832-1883), La Musique aux Tuileries, 1862, huile sur toile, 76.2 x 118.1 cm, The National Gallery (Londres) mais exposé actuellement dans la Hugh Lane Dublin City Gallery (Dublin)