Le château de Blois est l’un des châteaux incontournables de la vallée de la Loire. Il s’impose par son caractère harmonieux. Son architecture mêle les reliefs médiévaux du XIIIème siècle aux derniers feux du gothique flamboyant et le raffinement de la Renaissance à la sobre ordonnance classique. Ses possesseurs, depuis les rois Louis XII et François Ier jusqu’à Gaston d’Orléans, s’ingénièrent sans cesse à l’embellir.
En 1391, le comté de Blois, et avec lui le château du XIIIème siècle, entre dans le patrimoine de Louis, duc d’Orléans. Après son assassinat, en 1407, Blois revient à son fils, Charles d’Orléans. Chef du parti des Armagnacs, hostile à l’Angleterre durant la guerre de Cent Ans, il est capturé à la bataille d’Azincourt, en 1415. Il demeure prisonnier durant près de vingt-cinq ans en Angleterre, mais cette captivité dorée ne l’empêcha pas de commander divers travaux d’embellissement pour son château de Blois. Enfin libéré, il en fait sa résidence habituelle, y tenant une cour brillante dont le poète François Villon était l’un des habitués. Prince fastueux et poète, sans doute l’un des plus marquants de la fin du Moyen Âge, il s’éteint en 1465, laissant un fils de trois ans, le futur Louis XII.
La mort de Charles VIII, dernier des Valois directs, permet au duc Louis d’Orléans d’être couronné roi de France en 1498. À partir de l’accession au trône de Louis XII, Blois devient le centre du pouvoir royal. Le roi, secondé par son épouse Anne de Bretagne, fait entreprendre la reconstruction totale du château, sous la direction de l’architecte Colin Biart. L’aile Louis XII conserve une allure de manoir avec sa façade en brique et pierre d’inspiration encore très médiévale. Les emblèmes qui décorent les façades – la salamandre des ducs d’Orléans, l’hermine bretonne ou les initiales entrelacées des deux époux – rappellent partout l’attachement du couple royal à cette résidence.
Louis XII engagea la France dans les ruineuses guerres d’Italie, sous prétexte de revendiquer l’héritage milanais de sa grand-mère Valentine Visconti. Le succès des campagnes fut mince, mais l’apport artistique immense : les rois de France découvrirent la Renaissance qui s’y déroulait déjà et importèrent ce mouvement. On redécouvrit les enseignements de l’Antiquité et de nouveaux courants de pensée se diffusèrent comme l’Humanisme qui se caractérise par l’intérêt nouveau pour toutes les formes de savoir et de connaissance. D’un point de vue de l’histoire de l’art, on décèle l’influence décisive de la Renaissance italienne à Blois, notamment dans le rez-de-chaussée sur cour de l’aile Louis XII, où le portique en arcades scandé de fins piliers rappelle irrésistiblement les cortile des palais italiens.
La fille de Louis XII, Claude de France, épousa l’héritier des Valois-Angoulême, le futur François Ier, qui succéda à son beau-père et cousin en 1515. Paris était la capitale des nouveaux souverains, mais Blois ne fut pas oublié pour autant. François Ier confia à l’architecte italien Dominique de Cortone la reconstruction du corps de logis nord, où l’influence italienne se mêle à la profusion décorative héritée du gothique flamboyant. Côté cour, l’élégant escalier à vis, de forme octogonale, constitue sans nul doute l’un des chefs-d’œuvre de la Renaissance française. À la mort de son épouse en 1524, François Ier, occupé à guerroyer en Italie, délaissa peu à peu Blois. Ensuite, si les rois de France s’y rendent parfois, le château n’est plus que rarement occupé.
Après avoir abrité l’exil de Marie de Médicis, mère de Louis XIII, le château renoue avec les heures d’antan en 1626, lorsque Gaston d’Orléans, frère cadet du roi, reçoit Blois en apanage. Ce prince que l’on avait éloigné de la cour caressa un temps l’espoir d’hériter du trône. Il fit appel à l’architecte François Mansart pour sa nouvelle résidence de Blois. Le projet initial fut abandonné faute de subsides et seule fut bâtie entre 1635 et 1638 l’aile actuelle, à la façade d’ordonnance classique rythmée par les ordres dorique, ionique et corinthien. La naissance de Louis XIV, en 1638, ruina les ambitions de Gaston d’Orléans, portant un coup d’arrêt aux grandioses travaux, qui devaient faire de Blois une résidence digne d’un futur roi de France. L’interruption des travaux est-elle à regretter ? On peut s’interroger lorsque l’on sait que Mansart avait prévu de raser l’ensemble du château pour le reconstruire.
Le château de Blois est l’un des plus célèbres du Val de Loire mais de nombreux châteaux méconnus valent que l’on s’y arrête, le château de Chamerolles en fait partie. Situé dans le Loiret, il semble tout droit sorti de notre imaginaire médiéval avec ses hautes tours et ses douves profondes. Il fut pourtant construit au début du XVIème siècle par Lancelot Ier du Lac, chambellan du roi, gouverneur puis bailli d’Orléans. Lancelot était proche du roi Louis XII avec qui il s’est lancé dans les guerres d’Italie, mais aussi de François Ier qui est venu plusieurs fois à Chamerolles. Ce château s’ancre parfaitement dans la Renaissance. Son architecture est représentative de l’époque : les façades, rythmées de briques rouges et noires, illustrent ce que l’on trouve alors en Val de Loire et rappellent l’aile Louis XII du château de Blois. Chamerolles possède également de splendides jardins à l’aménagement caractéristique de la Renaissance, recréés au début des années 1990 selon les dessins d’époque de Jacques Androuet du Cerceau.
Ces deux châteaux, l’un royal, l’autre seigneurial, sont des joyaux de la Renaissance, une période raffinée, synonyme d’effervescence des arts, qui continue toujours de nous émerveiller.
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Château Royal de Blois vue de haut (XIIIe siècle et XVIIe siècle)
© Château Royal de Blois, Ville de Blois