Panier
0,00 
0,00 

Artemisia Online - Article

« Poussez pas ! »

« Il y a décidément trop de monde au Louvre aujourd’hui » pourrait-on entendre. Les Parisiens se sont précipités en nombre pour admirer le tableau que l’amateur ne manquera pas de reconnaitre, Le sacre de Napoléon, chef-d’œuvre de Jacques-Louis David. Il faut dire que le Salon est un évènement que l’on ne manque pas !
Louis-Leopold_Boilly_The_Public_Viewing_Davids_22Coronation22_at_the_Louvre_1810-e1649247008937

« Il y a décidément trop de monde au Louvre aujourd’hui » pourrait-on entendre. Les Parisiens se sont précipités en nombre pour admirer le tableau que l’amateur ne manquera pas de reconnaitre, Le sacre de Napoléon, chef-d’œuvre de Jacques-Louis David. Il faut dire que le Salon est un évènement que l’on ne manque pas ! Cette exposition est à la fois un moment d’art, un moment mondain et populaire, on s’y rend en famille. Certains consultent leur guide pour identifier les personnages représentés, un jeune homme semble expliquer le tableau à sa compagne, d’autres pointent leur tricorne pour désigner un détail. Avec ses six mètres sur dix, le Sacre est un véritable spectacle. Le peintre, Louis-Léopold Boilly, a d’ailleurs demandé la permission à David, très flatté, de reproduire son œuvre.

Toutefois, ce n’est pas tant le tableau dans le tableau qui attire notre attention et celle de l’artiste, que la foule dense des spectateurs. Si David nous a laissé le spectacle de l’Histoire, la grande histoire, Boilly, lui, a capturé le spectacle de ses contemporains. Son pinceau détaille avec délice les costumes et les attitudes. Arrivant à Paris juste avant la Révolution, l’artiste a traversé la Terreur, l’Empire, la Restauration et saisit l’opportunité de ces changements profonds de la société pour donner à la scène de genre une ambition inédite.

Regardons de plus près Le Public au Salon du Louvre regardant le tableau du Sacre, oui regardons le bien car son sujet est précisément : le regard ! Ou plutôt l’acte de regarder. Si certains sortent leur lorgnette pour observer Le Sacre, d’autres n’en ont cure et ont des préoccupations différentes, telle la jeune femme qui observe avec attention l’officier derrière elle, ou l’homme qui se tourne vers le spectateur, lui rappelant d’ailleurs que lui aussi regarde un tableau ! L’artiste lui-même s’est figuré écoutant attentivement son interlocuteur à droite du tableau.

Tout au long de sa carrière, Boilly n’a cessé de poser la question du regard. Dans ses portraits le modèle nous regarde, il nous donne à voir ses contemporains dans ses scènes de genre ou trompe l’œil littéralement, c’est lui qui invente le terme, par ses capacités techniques.

Avec Le Public au Salon, le peintre se montre aussi opportuniste et nous rappelle que la peinture est un art mais aussi un commerce. Il faut vendre, se démarquer. Ce tableau est une jolie stratégie de la part de Boilly, qui en exposant son œuvre, attire l’attention du public grâce au chef-d’œuvre de David et espère bien réunir la même foule devant sa propre peinture, tout en rendant hommage à l’empereur.  

Malheureusement pour l’artiste, l’Histoire court plus vite que son pinceau. Il termine son tableau juste avant que l’empereur ne se sépare de l’impératrice Joséphine, celle-là même dont le couronnement est représenté par David. Dommage, c’était bien essayé…

Surtout que notre artiste est un ambitieux. En se confrontant au grand genre, la grande peinture d’histoire pratiquée par David, il démontre qu’un petit peintre de scène de genre peut être aussi doué. Certes son tableau n’a ni les dimensions ni la grandeur du Sacre mais il représente l’histoire moderne. Pour Boilly, la vie quotidienne, les anonymes méritent la même attention que la grande Histoire. N’est-ce pas révolutionnaire comme manière de concevoir la peinture ? 

louis léopold boilly, the public viewing david’s coronation at the louvre, 1810
Image de Tatiana Mignot

Tatiana Mignot

Après un Master en Histoire de l’art médiéval avec comme sujet de mémoire “Représenter le roi : Charles V en France et Richard II en Angleterre”, et une Licence d’Histoire obtenus sur les bancs de l’université Paris IV – La Sorbonne, Tatiana Mignot s’est ensuite orientée vers le domaine des musées. Sa préparation au concours des conservateurs du patrimoine lui a permis de se spécialiser dans l’art du XVème au XVIIIème siècle tout en abordant les œuvres de près lors de différents stages au Musée du Louvre ou à la Cité de la Céramique de Sèvres. Désireuse de partager sa passion pour l’art et l’Histoire, elle se tourne désormais vers les visites-conférences et l’enseignement. Ainsi, elle travaille aussi pour l’École du Louvre en tant que chargée de travaux dirigés sur la peinture du Moyen-Âge et de la Renaissance pour l’École du Louvre et École Boulle sur le mobilier. Tatiana présente également des visites-conférences dans les musées nationaux de la ville de Paris. Depuis peu, Tatiana s’est mise à l’écriture, elle a rédigé un ouvrage destiné au jeune public paru aux éditions Amalthée, "La sirène de la tour St Jacques." Devenez incollable sur la Renaissance, le Baroque, le XVIIIe et les Géants et les géantes de la peinture avec Tatiana sur Artemisia !
Giovanni-Antonio-Canal-La-Reception-de-lambassadeur-francais-Jacques-Vincent-Languet-comte-de-Gergy-au-palais-des-Doges-le-4-novembre-1726-Musee-de-lErmitage-Artemisia
Artemisia Mag
Tatiana Mignot

L’art de recevoir à Venise

La Sérénissime nous émerveille depuis bien longtemps. Au XVIIIème siècle, c’est une véritable fascination qu’elle exerce sur l’Europe. Venise brille pourtant de ses derniers feux;

Lire la suite »
Fig.-1-Donatello-Madone-Pazzi-1425-1430-Marbre-745-×-695-cm-Bode-Museum-Berlin
Artemisia Mag
Sarah Moine

Vierge à « l’enfant »

Le Palazzo Strozzi et le Musée National du Bargello de Florence organisent conjointement cette année une exposition exceptionnelle consacrée à l’artiste de la Renaissance Donato

Lire la suite »
Chateau-royal-de-Blois-vue-de-haut-–-Artemisia-Online
Artemisia Mag
Fanny Laruaz

Châteaux de la Loire

Le château de Blois est l’un des châteaux incontournables de la vallée de la Loire. Il s’impose par son caractère harmonieux. Son architecture mêle les

Lire la suite »
Judith-Leyster-Autoportrait-au-chevalet-1633-–-National-Gallery-of-Washington_banner
Artemisia Mag
Sarah Moine

Femmes au travail

Assise avec assurance à son chevalet, Judith Leyster (1609-1660) nous regarde droit dans les yeux, un sourire aux lèvres et la bouche entrouverte, prête à

Lire la suite »
Le-Concert-au-bas-relief-Valentin-de-Boulogne-Artemisia-Online-Tatiana-Mignot-Alcool-Triste-e1678204637349
Artemisia Mag
Tatiana Mignot

Alcool triste

La fête est finie. Le cœur n’y est plus dans ce tableau de Valentin de Boulogne. Un violoniste, une guitariste, un luthiste accompagnés de deux

Lire la suite »
Charles-Ray-Horse-and-Rider-Pinault-Collection-Artemisia-Online-Amelie-Sabatier
Artemisia Mag
Amélie Sabatier

Cavalier Charles Ray

Devant la Bourse de Commerce, qui accueille désormais la collection d’art contemporain de François Pinault, se dresse un étrange cavalier. Tout en métal (en acier

Lire la suite »
Edouard-Manet-Le-Dejeuner-sur-lherbe
Artemisia Mag
Artemisia

La Censure dans l’Art

Au cours de l’histoire, la censure a été utilisée pour des raisons politiques, religieuses ou morales, dans le but de maintenir l’ordre social.Depuis le XXe

Lire la suite »
Plus de publications à afficher
[login_fail_messaging]

Se connecter